Ready... Steady... Fight !

Angelina soupira, se redressa à son tour. L'astre solaire semblait baisser dans le ciel. Quelle heure était-il ? Environ quatre heures de l'après-midi... Déjà ? Merde ! Bon, tant pis. Elle tiendrai jusqu'à six, heures, si c'était comme ça...

- De vous deux. Toi, tu devrais le savoir, n'est-ce pas ? Si elle est une élue rescapée de la possession, tu devrais en être consciente. A moins que ce ne soit plus complexe que ça. Était-elle humaine au départ ?

Angelina soupira en croisant les bras. Arrogance, envie de puissance, de liberté... Les caractéristiques principales des "autres". Celle-là était spéciale. Soit elle ne se souvenait pas qu'elle hantait une famille, soit elle était encore autre chose. La deuxième option l'aurait étonnée.

- Tu sais ce que doit faire l'autre, d'habitude ?

Angelina leva les yeux au ciel. Pourquoi les autres se comportaient toujours de la même manière.

- D'après ce que tu dis, tu dois être une Non-Résignée. Pas de panique, je vais vous expliquer - je m'adresse aussi à la crétine qui a acheté MES rollers. Bon, c'est plutôt simple à comprendre. Si tu veux, moi, ainsi que ces pauvres débiles de Stanislas, William, Yan, Marie et Stella, nous sommes les descendants de grandes familles contrôlant certains éléments. Stanislas vient de la famille Beresoski, William de la famille Davis - son cas est un peu spécial, je l'expliquerai après -, Yan de la famille Tailer, Marie vient de la famille Beresoski et de la famille Black, mais elle a hérité du pouvoir des Black, et Stella descends de la famille Gevanni. Moi, je descends des Black. Si tu veux, chaque famille a une espèce d'esprit qui la hante, renfermé dans ce collier

Elle désigna son médaillon d'un signe de la main.

- Cet esprit, appelé "Autre", choisit un membre de la famille nouveau-né, et entre dans son corps. Dans la procédure habituelle des choses, l'autre attends dix ans, puis commence à dévorer l'âme du propriétaire du corps...

Elle soupira. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas expliqué à quelqu'un comment leur monde fonctionnait.

- ... Mais il y a des cas particuliers. L'équipe de Stella et moi-même en sont de bonnes preuves. L'enfant, contre toute attente, résiste à la possession, et réussi à garder son âme intacte. C'est ce qui nous est arrivé. Selon l'indulgence de l'autre, le calvaire dure plus ou moins longtemps. Lorsque que l'autre se mets à arrêter de tyranniser l'enfant, on l'appelle un Résigné. Un esprit qui aurait prêté son esprit au successeur. Tu suis ?

Angelina haussa un sourcil. "Ouais, genre elle sait tout, cette conne de non-résignée", proféra Lily par la pensée, "J'suis sûre qu'elle fait juste style...".

- Ta gueule, marmonna Angelina. Je voulais juste savoir : ce qui m'embête chez vous c'est que tu intègres direct le corps de la victime. Il y a pas d'intermédiaire ?

Angelina réprima un bâillement. Cette fille était conne. Elle se la pétait. La petite voix de Lily s'imposa dans sa tête. "Ah, la pauvre conne ! Pire que Stella, j'te jure. Jamais vu ça ! Même Yan se la pète pas autant. Dis, on peut lui foutre notre poing dans la gueule, pour lui monter ce qu'est le travail d'équipe ?". Elle soupira. Un petit raclement de gorge retentit dans son cerveau. elle sourit.

- Ouais, c'est ça. Cite-moi les dix esprits principaux dans le monde, on va voir qui est celle qui connaît le plus de choses inutiles.

- Qui est la débile, dans le tas, hein ? persifla Ange d'un air malsain.

Elle se leva, reprit son sabre. Elle regarda partout. Où il était, l'autre ? Elle jeta un coup d'œil à sa montre. Quatre heures et quarante-cinq minutes... Elle avait encore du temps devant elle.

- Bon, si tu refuses de collaborer, je vais m'occuper des deux Stan'... J'imagine que toi, tu n'y vois pas d'objections, n'est-ce pas ?

- Merde !

Elle cogna son poing contre un rocher fragile qui se fractura en milliers de morceaux coupants. Elle ne s'en émut pas, plutôt énervée d'avoir raté sa cible et l'occasion de se trouver un nouveau punching-ball. Bon. il allait être l'heure. Angelina rentra tranquillement vers le pensionnat, essayant de se calmer au fur et à mesure qu'elle marchait.

Stanislas ouvrit timidement un œil, puis deux... Il gémit. Ses jambes lui faisaient un mal de chien. Il se retourna. Lune ! Lune avec des cheveux bruns et des yeux vert, mais, il en était sûr, c'était Lune ! Il s'approcha en se retenant à grand-peine de grimacer.

- Lu... Lune ? Ça va ? O-Où est Angelina ? Elle est partie ? Tu as toujours les rollers ?

Stella arriva en courant vers les deux personnes. Elle avait entendu du bruit du pensionnat, et ne trouvait plus Stanislas. Affolée, elle avait accouru aux falaises, sans raisons précise. Un peu essoufflée, elle s'avança vers la vampire et son ami.

- Stanislas ! Qu'est-ce qui t'es arrivé ? Qu'est-ce qui s'est passé ? T'as mal où ?

Elle s'agenouilla auprès du garçon, sortant de sous son manteau une boîte à premiers secours. Elle se tourna vers Lune.

- Et toi, tu as une blessure, aussi ?

Stanislas gémit et grimaça à nouveau. Il jeta un coup d'œil à la jeune fille. Comme dh'abitude lorsque quelque chose d'anormal se produisait, son masque d'indifférence et de suffisance se brisait d'un seul coup. C'était bien là le point faible de la princesse : elle ne supportait pas de voir des blessures...

- Ça pourrait aller plus mal, répondit-il d'une voix faible. C'était Ange. J'ai reçu plus de coups au niveau du torse, je crois.

Stella regarda "Lune" s'éloigner. Elle se mordit la lèvre inférieure, se détourna de la vampire pour s'intéresser à Stanislas. Elle ouvrit la boîte en quelques fractions de secondes. Elle en sortit une pommade de couleur rouge et commença à l'appliquer sur les blessures du jeune garçon. Puis, après les soins finis, elle posa les mains sur ses genoux, baissa la tête, laissant ses. Ses doigts tremblaient, crispés.

- Était-elle... Était-elle venue là... Pour nous ?

La réponse était évidente. Jamais Ange n'aurait fait la démarche de s'enfermer dans un pensionnat pourri sur Terre. Jamais, sauf si eux y étaient...

Les blessures de Stanislas cicatrisaient à vue d'œil. Seules les plus importantes subsistaient. Les soins de Stella étaient toujours aussi efficaces. Il sourit faiblement, puis soupira.

- Sans aucun doutes, oui. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi ne s'est-elle pas attaquée à nous plus tôt. Tu sais, Lune... Elle a des rollers, achetés récemment dans le magasin de jouets. Roues transparentes, couleur principale noire. Tu me suis ? En gros, Ange a sûrement été prévenue par quelqu'un que ses rollers étaient ici. Elle a sauté sur l'occasion parce que nous sommes là. C'est ce que j'en ai déduis, après faudra-t-il attendre l'avis de Yan pour être fixés. Mais une chose est sûre : Lune est en danger. Après, je n'ai toujours pas réussi à sonder sa force, ni celle de son autre. Tu es sûre que ça va, Stella ? J'appelle Will, si tu veux...

Il jeta un regard à Stella tremblotante. Voir Ange dans cet état devait la faire culpabiliser comme jamais. Il lui adressa un sourire qui se voulait rassurant.

Stella releva légèrement la tête, de quoi dégager ses yeux roses de sa chevelure blonde éclatante. Un faible sourire se dessina sur ses lèvres, en réponse à celui de Stanislas. Elle rangea la pommade dans la boîte, puis la referma avec un verrou. Un peu revigorée, son regard s'éclaira.

- Cette vampire... Oh, excuse-moi, Stan, cette fille... Tu... Tu l'aimes, n'est-ce pas ?

Elle fit une pause, prit la main de Stanislas pour y appliquer un dernier petit grain de pâte rouge. Un vaisseau sanguin se recousit en un quart de seconde, la croûte se formant déjà.

- Écoute... continua-t-elle avec un léger sourire malicieux. Si tu faillis, je crois que William te considérera comme un petit nul pas capable de draguer une fille toute ta vie... Alors, continue sur ta lancée, gagne. Tu vois ce que je veux dire, pas vrai ?

Stanislas ouvrit des yeux ronds. Il la laissa le regarder d'un air goguenard, jetant des regards à droite et à gauche. Il s'approcha de Stella, tirant une grimace. Il parlait à voix basse, de peur que quelqu'un ne l'entende.

- C'est... C'est si voyant que ça ? Enfin, je veux dire... Euh... Oui, bon, tu as raison... Mais, je veux dire... William aussi a deviné ? Merde, ça craint, continua-t-il sans attendre de réponse, si Will a deviné, je suis mort, là, Yan et Marie vont se foutre de ma gueule pendant six ans...

Stella obligea son ami à se remettre dans une position assise. Elle n'avait pas entendu le bruit de chute derrière les rochers.

- Tout doux, Stan, tout doux... Te relève pas tout de suite, je vais appeler Willy pour venir te ramener au pensionnat. Oh, en fait... Je devrais aussi poser "la" question à Stanley... Voir s'il y aura pas des problèmes amoureux pendant la bataille.

Elle saisit le pendentif en forme de soleil, tombé par terre à côté de Stanislas et de son sabre. Elle s'adressa directement au bijou.

- Staaaaaanleeeeeeeeeeeeey ! Tu m'entends, dit ? Je vais te laisser parler à Ju', elle va mieux savoir te tirer les vers du nez.

Le médaillon rougit légèrement. Elle sourit. Elle savait très bien que Stanley ne résistait pas à la méthode de persuasion de Juliet. Elle sortit son propre pendentif, et le mit côte à côte de celui de Stanislas. Deux images floues apparurent dans l'air : une grande fille aux cheveux violets longs et ondulés, aux grands yeux améthyste, et un garçon de taille moyenne, les yeux bleus glacés, les cheveux mi-longs noir jais. Ils ouvraient la bouche, bougeaient les lèvres, mais seuls Stanislas et stella étaient capables de comprendre ce que disaient les esprits. La fille paru contente, et son image fut aspirée par le médaillon de Stella. Le garçon, quant à lui repartit dans celui de son maître sans hésiter.

- Voilà. Stanley aussi l'aime beaucoup, et tu sais que pour lui, beaucoup, c'est toujours trop... Tu vas avoir de la concurrence, Stan !

stanislas entendit un bruit de chute. Il tourna la tête : rien dans les parages... Le soleil commençait déjà sa longue descente. Le ciel se teintait d'une couleur oscillant entre le rouge et le rose. Il fut surpris que Stella veuille demander à Stanley son "avis". Et encore plus étonné que Stanley apprécie (même beaucoup) Lune... Il fit un sourire crispé.

- C'est pas drôle, Stella ! Toi, t'as eu de la chance : t'as flashé direct sur William, et c'était réciproque, il était total in love de toi au premier regard. Alors, à quatorze ans : PAN ! French Kiss. Devant tout le monde, en plein combat. Ah j'te jure, il fait tout pour épater la galerie, Willy... Vous pensez qu'on a l'air de quoi, nous, à tomber amoureux à dix-sept ans ? Ah, j'te jure, si seulement j'avais rencontré Lune avant et dans des conditions plus favorables !