"Dieu dit : que la lumière soit... Et la lumière fut".

- I don't care what you think
As long as it’s about me
The best of us can find happiness in misery !

Stella chantait de toute la force de ses poumons. Assise sur la banquette arrière du vaisseau qui l'amenait dans sa nouvelle demeure, son MP654 dans les oreilles, elle semblait faire abstraction du monde extérieur. Une façon à elle de fuir la réalité du quotidien. Mais quand son chauffeur l'interrompit, elle mit son appareil en arrêt.

- Votre Majesté ? Nous sommes à destination.
- Merci, Xavier. Je t'ai déjà dit de ne pas me vouvoyer, imbécile que tu es !

Le jeune garçon qui tenait le volant pouffa, et elle fit de même. Elle descendit du vaisseau, remettant ses écouteurs dans ses oreilles et mettant de l'ordre dans ses cheveux blonds. Elle fut saisie par le froid mordant et serra son manteau autour d'elle. Elle avança jusqu'à la porte du pensionnat, et la poussa avec son habituelle grâce.

Stella jaugea froidement le garçon de ses yeux pourtant si chaleureux d'habitude. Elle lâcha un soupir. Et ça y était ! Elle allait se retransformer en l'arrogante Stella. Sa langue claqua comme un fouet.

- Si tu as le temps pour ouvrir des portes aux filles qui pourraient très bien se débrouiller sans l'aide d'un macho de première, tu pourrais utiliser ta matière grise pour essayer de trouver des techniques moins banales, crétin.

Elle toisa le garçon. Pour qui se prenait-il, celui-là ? Il n'avait pas l'impression d'être un peu imbécile ? Encore un nul. enfin, un nul parmi d'autres, après tout !

Stella cala une de ses mèches blondes derrière son oreille, le regard toujours aussi hautain mais gracieux...

- C'était au vingtième siècle que les filles craquaient pour des gros loosers macho et faussement galant. répliqua-t-elle vivement.

Tss... Encore un empoté. Ah, si il savait ! Elle se surprit à lâcher un petit rire sans joie. Sa vie actuelle ne lui réussissait pas, apparemment...

- Mon nom ? Par un pur hasard tu es le premier que je rencontres ici... Donc, je vais te le dire, par pure gentillesse, et dis toi que ce sera bien la dernière fois que je ferai preuve d'une telle faveur à ton égard : je m'appelle Stella Gevanni, héritière du trône du royaume de la glace.

- Arrête tes compliments à deux sous, et ne joue pas le dragueur. Toutes les femmes sont nées dans le purin ! Et, comme tu viens de le remarquer, peut-être ai-je des "mauvais côtés". On ne peut pas savoir tant qu'on a pas essayé. Et je te ferai dire que ce n'est pas parce que les héritières se prennent au sérieux qu'elles sont laides, jeune homme. Ce que tu dis est incohérent. Il faut mettre plus de points à tes phrases.

Elle se rendit compte qu'elle avait toujours la main sur la porte. Elle était crispée sous le froid. Elle la retira vivement de la porte, sortit un gant blanc de sa poche de manteau, et fourra sans se tromper de doigts sa main dedans.

Elle partit d'un rire sarcastique, planta son regard dans celui du garçon.

- Apprends à construire des phrases compréhensibles, si tu ne veux pas qu'on prenne tes paroles pour autres... Juste pour information : les héritières sont parfois complètement cruches, même si je ne fais pas parti de celles-là.

Elle contempla le hall avec un sourire méprisant. Déjà que l'extérieur n'était pas beau à voir, il fallait que l'entrée soit aussi peu accueillante. Lorsque que Taku lui prit la main, elle se relâcha brusquement de son étreinte, sa main dans une position aggressive.

- Ne me touche pas, gamin, si tu tiens à la vie.

Sur la défensive, Stella regarda froidement le garçon. Elle soupira. Rien à faire. Tellement nul... Éludant la question la plus importante, elle répondit :

- Arrête de m'appeler "héritière", petit débile. Si j'ai un nom, c'est pas pour qu'il soit remplacé par mon titre.

Elle soupira, remit encore une fois sa mèche derrière son oreille. Pourquoi n'y avait-il quasiment que des imbéciles dans l'univers ? C'était si différent de chez elle, ou même au gouvernement Jupiteriens, où ne siégeaient que des intellectuels... Lui, elle le voyait mal à la place d'un des ministres, et même pas dans le monde politique. Pourquoi restait-elle avec lui, d'ailleurs ?...

- Words like violence
Break the silence
The come crashing into my little world...

Les mêmes paroles. La même chanson. Elle chantait doucement, se rappelant du jour où tout avait été chamboulé dans sa vie. Au final, cela revenait au même. Même si cet incident n'avait pas eu lieu, elle serait là où elle étais à ce jour... Bah, après tout, on ne pouvait pas vraiment décider...

Stella fit volte-face, décochant une gifle au garçon. Elle déclara de toute la majesté et le sarcasme dont elle pouvait faire preuve :

- Comment oses-tu brusquer de la sorte une personne de ma qualité, malotrus ! Ta maman t'as pas appris les bonnes manières ?

Elle faisait preuve d'une froideur inégalable à cet instant précis. Elle détestait les gamins, et ce, surtout ceux qui osaient la prendre pour une fille "normale".

Stella frappa plusieurs fois Taku au visage, ses yeux devenants encore plus froids. Ses gestes étaient brutaux, et elle ne faisait pas dans la couture. Soudain, elle saisit la nuque de Taku, le renversa par terre par la seule force de ses bras. Elle susurra, très sûre d'elle :

- Je fais du catch professionnel depuis mes six ans gamin. Si tu continues à faire ce genre de conneries, je te saigne comme un cochon.

[Stella n'a pas de jupe, elle porte un jean sous son manteau XD]

Stella stoppa la rotation du garçon d'un coup de pied dans sa tête. Elle murmura, de plus en plus menaçante :

- Sais-tu quel est le pourcentage d'eau présente dans ton corps, gamin ?

Elle enfonça la tête de Taku dans le sol, avec sa main gantée.

Elle éclata de rire dès que Taku eut finit sa tirade. Elle ôta son gant, celui qu'avait saisi le garçon, et montra sa main qui avait perdu toute couleur et ne pouvait plus bouger..

- Alors tu croyais que ton petit manège allait marcher ? Si tu avais eu un minimum d'expérience, tu aurais su que les magiciens de glace peuvent séparer une partie de leur corps grâce à de la glace pour s'immuniser... Au pire, j'aurais pu m'arracher la main. Retiens bien la leçon, gamin ! A charge de revanche...

Stella pouffa en s'éloignant, et en se dirigeant vers les escaliers pour monter à l'étage supérieur. Sa main toujours ballante et sans contrôle.

[Stella est déjà partie, pour info]